Menstruations: PROFA en parle dans les écoles
Média | Le Courrier |
Date | 30.08.2022 |
La Fondation PROFA, en charge des cours d’éducation sexuelle à l’école, a dispensé 247 ateliers sur les règles durant l’année scolaire 2021-2022 dans le cadre du projet pilote sur les protections menstruelles initié par le Département de la formation, de la jeunesse et de la culture. Le Courrier fait le bilan avec Lydie Rochat, cheffe du Service d’éducation sexuelle.
Comment ces ateliers se sont-ils déroulés?
Lydie Rochat: Nous avons proposé, dans les écoles qui nous ont sollicitées, des ateliers de quarante-cinq minutes sur les règles. Ils étaient destinés aux élèves de la 7e à la 11e année scolaire. L’objectif a été de leur présenter du contenu très pratique ainsi que de transmettre des connaissances sur la physiologie du cycle menstruel. Ces ateliers, qui vont se poursuivre l’année prochaine, sont là pour compléter le dispositif du projet pilote des distributeurs de protections menstruelles. Ils permettent d’accompagner les élèves en initiant une réflexion autour des règles. Nous leur montrons aussi l’intégralité de l’offre existante en termes de protections périodiques, que celles-ci soient jetables ou non. Nous leur avons parlé des culottes menstruelles, des cups, etc.
Quels sont les retours des formateurs et de formatrices en charge de ces ateliers?
Ils et elles constatent une libération de la parole sur les règles. Les premières minutes de l’atelier restent compliquées. Un malaise est palpable. Le sujet est délicat. Il faut tisser une relation de confiance pour casser cette gêne encore présente. Mais une fois que ce moment est dépassé, les langues se délient. Nous voyons une nette différence sur les préoccupations des 7-8e et des 9-10-11e année. Les élèves plus jeunes sont davantage intéressé·e·s par des questions physiologiques ou d’anatomie. On parle aussi beaucoup plus de la peur ou du
dégoût d’avoir ses règles ainsi que des questions bien pratico-pratique comme « comment insérer un tampon » ou « peut-on faire pipi avec », etc. Les questions des 9-10-11e années tournent davantage autour des douleurs liées aux règles et des ressentis émotionnels durant ces périodes-là.
De manière unanime aussi, nous avons relevé un fort intérêt des garçons pour le sujet. Peut-être qu’il est plus facile pour eux d’en parler dans la mesure où cela ne les implique pas personnellement… En tout cas ils ont été très curieux. D’ailleurs les filles nous ont demandé au départ pourquoi ils étaient présents. Nous trouvons importants de n’exclure personne. Les garçons sont par ailleurs nombreux à avoir relevé le fait que grâce à ces ateliers, il était plus facile pour eux de comprendre leurs soeurs, leurs mères et leurs amies. Ces ateliers nous ont aussi permis de constater à nouveau qu’il y a un important manque d’information, tant sur les protections menstruelles, les manières de les utiliser que le reste…
Il y a un manque d’information aussi chez les adultes…
Oui, c’est le cas aussi. Ces ateliers sont d’autant plus importants pour les élèves vaudois que ceux-ci ont actuellement très peu d’heures d’éducation sexuelle et toutes les questions abordées à ce moment-là ne le sont pas forcément pendant les cours d’éducation sexuelle. Vaud est le canton romand où il y en a le moins. Sur l’ensemble d’un cursus scolaire, nous intervenons seulement cinq fois. Soit en 3e année, en 6e puis en 8e, 10e et 11e année. Cinq fois nonante minutes, cela reste insuffisant pour aborder tous les sujets et tendre à une continuité. Au vu des objectifs visés par l’éducation sexuelle et de l’adaptation des contenus aux enjeux actuels, le nombre de périodes consacrées à celle-ci devrait donc être augmenté.
Combien d’heures faudrait-il consacrer à l’éducation sexuelle à l’école?
Le canton de Genève prévoit une intervention chaque année. C’est nouveau, cela va être appliqué dès la prochaine rentrée. Et ça a vraiment du sens car cela permet d’avoir une continuité dans nos interventions et d’aborder des sujets essentiels avec les élèves afin de leur permettre d’acquérir progressivement des compétences et des connaissances pour pouvoir vivre des expériences épanouies, consenties et responsables. Ainsi que d’aborder des sujets d’actualité qui peuvent être importants pour la jeunesse, comme le consentement par exemple, qui a beaucoup été discuté dernièrement. Ces cours contribuent également réellement à l’égalité des chances pour l’ensemble des élèves quelle que soit l’éducation sexuelle reçue en dehors de l’école.