Personnes LGBTIQ+: un rapport constate des inégalités face à la santé
Article publié le 13 décembre 2022
Un rapport de recherche de la Haute école spécialisée de Lucerne révèle les personnes LGBTIQ+ font face à des inégalités en Suisse en matière de santé, surtout dans les domaines de la santé psychique et sexuelle ainsi que de la consommation de substances. A la lumière de ces résultats, le Conseil fédéral entend examiner les moyens de mieux atteindre ce groupe-cible.
Déposé en mars 2019 par la conseillère nationale Marti Samira, le postulat « Établir un rapport comparatif sur la santé des personnes LGB » chargeait le Conseil fédéral de rédiger un rapport sur la santé des personnes homosexuelles et bisexuelles. Pour y donner suite, l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) a commandé une étude à la Haute école spécialisée de Lucerne (en résumé ici).
Aujourd’hui, les résultats montrent notamment que les personnes LGBTIQ+ de ces communautés souffrent davantage de symptômes dépressifs et ont plus souvent des pensées suicidaires. Elles ont aussi plus fréquemment essayé de mettre fin à leurs jours. Le gouvernement entend désormais examiner par quels moyens mieux atteindre ce groupe-cible. Il charge donc l’OFSP de rechercher les mesures nécessaires dans le cadre du plan d’action national pour la prévention du suicide.
Lutte contre les discriminations
En plus de l’orientation sexuelle, les résultats tiennent compte de l’identité de genre (trans et non-binaire versus cis). Le rapport souligne que ce n’est pas l’orientation sexuelle ou l’identité de genre qui sont directement responsables d’une moins bonne santé psychique. Ce sont plutôt les expériences de discriminations, plus fréquemment subies par cette catégorie de personnes, qui ont un impact.
Le document rapporte aussi des discriminations et des violences au sein du système de santé. La peur de celles-ci ainsi que le manque de confiance envers le personnel de santé peut pousser les personnes concernées à renoncer à se faire soigner. Le gouvernement estime donc que la lutte contre les discriminations et la violence en tant que question de santé doit être mieux abordée.
Prévention et promotion de la santé sexuelle
S’agissant de la santé sexuelle, le rapport montre que les hommes homosexuels et bisexuels sont davantage exposés aux infections sexuellement transmissibles. Le programme national VIH et autres infections sexuellement transmissibles (PNVI) permet de mettre en œuvre des mesures dans ce domaine depuis longtemps. Des résultats plus détaillés sont attendus pour 2023 (Sex Health Survey 2022).
Selon le rapport, les personnes LGBT consomment par ailleurs davantage d’alcool et de tabac, ainsi que de cannabis ou d’autres substances psychoactives. L’OFSP est donc également chargé d’étudier des mesures pour mieux atteindre ce groupe de population dans la stratégie Addictions.
Les engagements du Conseil fédéral
De manière générale, le gouvernement entend s’engager à mieux inclure les personnes LGBTIQ+ dans la société, en agissant dans plusieurs domaines politiques. Dans un rapport publié le 9 décembre 2022, il suggère par exemple d’améliorer les données en incluant des questions liées à l’orientation sexuelle et l’identité de genre dans les sondages nationaux qui portent sur des thèmes sanitaires et sociaux.
Les associations demandent des mesures rapides
Les données présentées mettent en lumière de nombreuses problématiques de santé et confirment les craintes concernant les difficultés d’accès aux soins pour les personnes LGBTIQ+.
Dans un communiqué, les organisations faîtières LGBT et l’Aide suisse contre le sida demandent au Conseil fédéral d’agir rapidement et de donner les moyens nécessaires à la lutte contre les discriminations et les violences. Elles appellent notamment à ce que la prise en compte des personnes LGBTIQ+ dans les domaines de la prévention contre le suicide, des addictions ainsi que dans les enquêtes de la Confédération, comme le prévoit le Conseil fédéral, ait lieu au plus vite.