Alain Léo Pfammatter, adjoint à la cheffe de service de la Consultation en santé sexuelle à la Fondation PROFA, rejoint le comité de SANTÉ SEXUELLE SUISSE
Publié le 25 mai 2024
Alain Léo Pfammatter, responsable psycho-social et conseiller en santé sexuelle de la Fondation PROFA, a été élu au comité de SANTÉ SEXUELLE SUISSE à l’occasion de l’Assemblée générale annuelle de l’association. Il rejoint notre collègue Sylvan Berrut, collaborataire au Pôle Trans du Checkpoint Vaud. Portrait d’un engagement.
C’est fort de plus de 20 ans au service de la progression des savoirs et des droits en santé sexuelle qu’Alain Léo Pfammatter rejoint le comité de SANTÉ SEXUELLE SUISSE. Il amène avec lui sa connaissance fine des outils de prévention et des enjeux psycho-sociaux qui traversent les questions de sexualité, l’envie de créer du lien avec les personnes et le terrain pour comprendre leurs besoins et une grande réflexivité sur ses pratiques professionnelles.
« C’est fondamental, la réflexivité, quand on travaille sur les sujets que nous traitons, affirme-t-il. Elle est nécessaire pour avoir une posture claire qui mette en confiance les personnes que nous recevons, pour les écouter et les conseiller sans jugement, mais aussi pour évoluer au quotidien, accueillir les transformations de la société, mettre à jour ses connaissances, proposer de nouvelles prestations qui collent aux besoins. »
Un parcours au coeur des évolutions de la société
Alain Léo Pfammatter commence à travailler dans le milieu de la santé sexuelle pendant ses études de psychologie à l’Université de Lausanne déjà. Il s’engage à Point Fixe, ancêtre des Georgette in Love centré alors sur la prévention du VIH et rattaché au CSP. « A l’époque, ce projet de prévention par les pairs était incroyablement novateur, se rappelle Alain Léo Pfammatter. Cette expérience m’a donné envie d’ouvrir les perspectives, pour dépasser la seule question médicale et aborder aussi la vie relationnelle et affective. »
C’est ainsi qu’il se lance dans une formation pour devenir conseiller en planning familial (aujourd’hui conseiller en santé sexuelle). Un parcours qui ne sera pas sans obstacles : « J’étais le premier homme diplômé de cette formation, raconte-t-il, et c’était difficilement concevable, pour beaucoup, que le métier soit pratiqué par un homme. Il a fallu faire mes preuves, me justifier, faire bouger les représentations. »
Diplômé fin 2006, il rejoint dès le 1e janvier 2007 le SIPE de Martigny comme conseiller en santé sexuelle à temps partiel. A l’été de la même année, Alain Léo Pfammatter est également recruté à la Fondation PROFA, dans un service qui s’appelait encore le Planning familial. Celui-ci sera divisé un an plus tard en deux entités : le service de Périnatalité et la Consultation de santé sexuelle. Il devient responsable de l’équipe de conseil en 2009 puis adjoint à la cheffe de service en 2020.
« Ces trois casquettes — terrain, gestion d’équipe, réflexion stratégique — me permettent de porter les besoins et les observations du terrain dans l’orientation de nos prestations, d’une manière réaliste et adaptée, explique-t-il. C’est ce que je me réjouis de partager au sein de SANTÉ SEXUELLE SUISSE, pour construire une vision au niveau national qui s’appuie sur du concret pour agir au service de la santé sexuelle de la population. »
Sylvan Berrut, un engagement pour une santé inclusive
Sylvan Berrut est membre du comité de Santé Sexuelle Suisse (SSCH) depuis 2017 et y préside la Commission LGBTI depuis sa création fin 2017. Le rôle de cette commission : informer la stratégie et les projets de SSCH sur les thématiques LGBTI grâce à une expertise du terrain et faire un travail de réseautage. Sylvan a ainsi contribué à l’intégration des thématiques LGBTI sur le site de SSCH, à celle de la santé sexuelle sur celui de Transgender Network Switzerland et au flyer sur la contraception transmasculine (en collaboration avec PROFA, disponible en français, en allemand et en italien).
En charge, à son arrivée à Santé Sexuelle Suisse, des statistiques sur la santé reproductive à l’Office fédéral de la statistique, Sylvan avait aussi, dix ans plus tôt, initié le groupe Santé PluriELLE de la LOS, l’Organisation suisse des lesbiennes, groupe qui a œuvré jusqu’en 2018 pour la santé des femmes lesbiennes et bi : collecte de données, création de flyers, formations, liste de gynécologues lesbi-friendly, … Une initiative inédite à l’époque. Sylvan a également participé, entre 2012 et 2015, au groupe de travail Prévention et santé sexuelle de la Commission fédérale pour la santé sexuelle (aujourd’hui remplacée par la Commission fédérale pour les questions liées aux infections sexuellement transmissibles), qui a posé les bases d’une vision de la santé sexuelle pour la Suisse.
Sylvan travaille depuis 2020 au Pôle trans du Checkpoint Vaud, où il accueille, soutient et conseille des personnes trans, non binaires ou en questionnement. Une mission à l’image de son parcours, engagé pour une vision inclusive des genres et des sexualités et pour l’accès de touxtes à la santé.
Trois enseignements sur la prévention en matière de santé sexuelle
Les savoirs en santé sexuelle doivent être répétés, répétés et répétés !
« On croit avoir fait le tour de la question, grâce à des campagnes de sensibilisation efficaces. Mais il faut en permanence recommencer, pour les nouvelles générations d’une part, mais aussi pour reprendre certains sujets propices aux idées reçues et aux mythes, lever de nouveaux tabous. En 2002, par exemple, la campagne STOP SIDA (remplacé en 2014 par LOVE LIFE) a raté sa cible avec un message qui n’était pas assez explicite. L’année suivante, on a noté une augmentation des primo-infections au VIH. L’information, la prévention, sont des affaires au long cours. »
Les campagnes de dépistage des IST représentent une porte d’entrée privilégiée pour parler des sexualités d’un point de vue global
« Le bilan IST est une porte privilégiée pour aborder les thématiques des sexualités dans une vision holistique. Le bilan nous permet de faire le point sur la situation de chaque personne, d’aller la chercher là où elle est dans son vécu, ses croyances, ses savoirs, … C’est une occasion importante pour cette personne d’interroger un·e professionnel·le de la santé dans un cadre sécure et sans jugement, afin de requestionner ses comportements, ses besoins, dans le but de favoriser son autodétermination et faire des choix congruents dans sa vie affective, relationnelle et sexuelle. »
Il faut se donner les moyens de chercher le lien avec les personnes qu’on reçoit si l’on veut ne pas passer à côté d’une info
« Les questions de sexualité sont intimes et encore souvent tabous. Il faut que la confiance se noue, pour que les personnes livrent leurs questions et leurs besoins. Mais au-delà de cette évidence, prendre le temps est aussi nécessaire pour ne pas passer à côté d’un besoin que la personne n’aurait pas identifié : un rapport non-protégé, des violences, le besoin d’une contraception ou des questionnements sur son identité. Par peur ou par manque de connaissances, tout n’est pas forcément abordé d’entrée de jeu. Se donner le temps de creuser, c’est le cœur de notre rôle de conseil.