Journée mondiale de lutte contre l’homophobie, la biphobie et la transphobie: continuer d’agir pour les droits des personnes LGBTQIA+
Publié le 16 mai 2024
Le 17 mai a lieu la Journée mondiale de lutte contre l’homophobie, la biphobie et la transphobie. A l’heure où les droits et l’intégrité des personnes LBGTQIA+ sont remis en question un peu partout, la Fondation PROFA réaffirme l’importance cruciale de la liberté de choix dans le domaine de l’intimité — relationnelle, affective et sexuelle.
La date commémore le retrait de l’homosexualité de la liste des maladies mentales de l’OMS. Chaque année, elle est l’occasion de rendre visibles les situations et les vécus des personnes LGBTQIA+, en Suisse et dans le monde, pour se réjouir des avancées, alerter sur les discriminations et les violences, donner à voir des représentations.
Un bilan en demi-teinte
«Certes, en Suisse, ces dernières années ont été marquées par des avancées pour les personnes LGBTQIA+, que nous avons fièrement soutenues», se réjouit Léonie Chinet, directrice de la Fondation PROFA. Reconnaissance pénale des discriminations fondées sur l’orientation sexuelle, mariage civil pour couples de même sexe, changement d’état civil sur simple déclaration pour les personnes trans sont ainsi inscrits en droit.
Partout, cependant, on relève une augmentation des discriminations et des violences à l’égard des personnes LGBTQIA+. «La Suisse n’est pas en reste, poursuit Léonie Chinet, si l’on en croit l’augmentation des signalements auprès de la LGBTQI-Helpline et des organisations communautaires.» Un rapport de la Haute école spécialisée de Lucerne – Travail social a également été remis à l’OFSP en 2022, constatant les inégalités de santé entre les personnes LGBTQIA+ et le reste de la population.
Quand les droits des personnes LGBTQIA+ reculent, c’est toute la société qui revient en arrière !
La recrudescence de la LGBTQIA+-phobie s’observe également dans le débat public — par exemple en France ou aux Etats-Unis — et dans un recul inquiétant des droits, notamment en Russie ou sur le continent africain. Ces discours et mesures de haine affectent directement les personnes « out », ouvertement ou non, ainsi que toutes les personnes en questionnement et leurs proches.
« Mais plus globalement, s’attaquer à la liberté de choix dans le domaine de l’intimité fragilise tout l’édifice social », avertit Léonie Chinet. Le recul des droits des personnes LGBTQIA+ précède souvent la montée de violences et de mesures misogynes. Les menaces contre le droit d’interrompre une grossesse en sont une triste illustration.
« Le respect de soi-même passe par le respect de l’autre, déclare Léonie Chinet. L’intimité fait partie intégrante de notre condition humaine, et les droits sexuels sont des droits fondamentaux ». La Fondation PROFA porte ces valeurs avec conviction, pour contribuer au développement de la qualité de la vie affective, relationnelle et sexuelle des personnes, à tous les âges de la vie, sans discrimination de genre, d’identité et d’orientation sexuelles, et promouvoir le respect de leur intégrité.
Agir au quotidien pour la liberté de choix dans le domaine de l’intimité
« Nous avons également développé des consultations spécialisées pour les publics LGBTQIA+ qui le souhaitent », explique Léonie Chinet. Face aux réponses médicales et aux offres non-adaptées à leurs besoins ainsi qu’à l’invisibilisation de leurs vécus, les personnes LGBTQIA+ sont en effet davantage susceptibles de renoncer aux soins. Au Checkpoint ou au L-Check, elles trouvent un espace « safe » et confidentiel, avec des informations personnalisées, fiables et de qualité sur leur santé.
« A travers nos prises de position, notre travail pédagogique et de sensibilisation, nous contribuons aussi à rendre visibles les vécus des personnes LGBTQIA+, à répondre à leurs questions, à informer les personnes non-spécialistes ainsi qu’à former les professionnel·le·s pour une meilleure prise en charge ». Par exemple, le livret Savoirs LGBTQIA+, édité par la Fondation PROFA, propose les notions de base utiles pour un accompagnement adéquat et bienveillant des personnes concernées. « L’enjeu, c’est de créer un monde plus inclusif, conclut Léonie Chinet. La victoire de l’artiste suisse Nemo à l’Eurovision avec The Code, qui parle de son identité non-binaire et plaide pour la paix et la dignité pour chaque personne, est un signal réjouissant dans ce sens. Néanmoins, on voit aussi que rien n’est définitivement acquis. C’est pourquoi nous continuerons de célébrer, chaque année, la Journée mondiale de lutte contre l’homophobie, la biphobie et la transphobie ».